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Emmanuelle vit dans les plans

Un texte court qui a reçu le prix de poésie de la ville de Lyon en 1994, le prix Kowalski, mon premier livre en poésie, la première fois que je regarde le monde avec des mots qui s’associent à leur façon, presque en dehors de moi, dans un mouvement d’unification de deux êtres, Emmanuelle et Emmanuel, deux d’une même entité, plurielle, qui traversent l’œuvre de l’architecte Emile Aillaud dans un dédale de photos noir et blanc, à mi-chemin entre béton et poésie.

Cheyne Editeur, 1994 – Collection grise

Extraits :

Emmanuelle porte un tatouage sur le bras

droit, une large feuille de platane sur

laquelle passent ses cheveux blonds.

Souvent sa main gauche va vers le dessin

du bras, ses doigts en palpent le contour,

les nervures, jusqu’à la couleur.

La même feuille de platane en marbre

de Carrare occupe la place, les fenêtres

penchent sur elle leur ordinaire.

Quinconce d’arbres derrière les joueurs

de boules.

***

Emmanuelle sort de l’hippopotame

comme d’une maison, elle ne referme

jamais la porte derrière elle.

L’hippopotame a le ventre occupé de

courants d’air, il bâille sans relâche.

Emmanuelle oublie son cahier dans

la gueule ouverte de l’animal, ses deux

dents colossales montent la garde.

L’été, les moustiques sucent ce paradis.

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